Sportif de la gendarmerie : Florian Bouziani, de la reconstruction au podium

Florian Bouziani, c’est l’histoire d’un grand sportif, d’un cycliste hors pair mais aussi et surtout d’un homme à la volonté de fer. En 2013, alors qu’il est victime d’un terrible accident qui brûle son corps à 90 %, il se tourne vers le vélo. Au début pour reprendre possession de son corps, puis pour sa rééducation, et enfin pour lui, pour la liberté. En seulement 4 ans, il se fait une place dans le monde du cyclisme avant de décrocher, en juin 2021, son premier titre de champion du monde en contre-la-montre. Passé à deux doigts des JO paralympiques de Tokyo, il compte bien retenter l’aventure en 2024 pour les Jeux de Paris. Rencontre avec un homme et un sportif hors du commun.

Vous avez reçu en juin, votre premier titre de champion du monde en paracyclisme, quelle a été votre réaction ?

C’est incroyable d’avoir un titre de champion du monde chrono, je ne pensais jamais [en avoir]. Quand je vois le chemin parcouru, la reconstruction humaine, c’est une folle histoire ! Je ne me rends pas compte encore, je suis encore sur mon nuage mais c’est normal. Après bien sûr, derrière, il y a eu énormément de travail, énormément de sacrifices mais j’ai envie de dire que quand on veut, on peut. Et là j’ai mis les moyens qu’il fallait, j’ai vraiment tout mis pour y arriver.

C’est énormément de travail et de chemin parcouru en peu de temps, puisque vous vous êtes mis au vélo seulement en 2013, après un terrible incendie dans lequel vous vous êtes retrouvé prisonnier. Quelle place à pris le vélo dans votre reconstruction ?

J’ai démarré la bicyclette dans un premier temps pour me rééduquer et par la suite, mon niveau a constamment monté et j’ai commencé les compétitions de paracyclisme au niveau mondial en 2019.

Avant j’étais plus dans la moto, j’étais pilote amateur mais il y a eu ce terrible accident qui m’a brûlé à 90 % de ma masse corporelle. Suite à ça j’ai eu des paralysies au niveau des pieds, une amputation d’un index droit, une main qui marche un peu moins, mais aujourd’hui je fais avec, avec ce que je suis. Il y a eu une très grosse partie de rééducation qu’il y a toujours aussi aujourd’hui.

Ma toute première compétition en 2019, la toute première que je faisais, je décroche une médaille d’argent au mondial en Italie au contre-la-montre. Ça je m’en souviendrai toujours. Il faut savoir que le contre-la-montre c’est ma discipline favorite et pour moi ça a toujours fonctionné. J’ai le gabarit plus ou moins disposé à ça, après il y a aussi énormément de travail bien sûr mais c’est un effort qui me plaît. Les efforts solitaires, c’est quelque chose qui est fait pour moi.

Qu’est ce qui vous plaît dans la discipline du contre-la-montre ?

Dans mon accident, j’ai souvent été seul. Il y avait ma famille, j’étais très entouré mais j’ai aussi passé des moments très difficiles seul, vraiment seul et dans le contre-la-montre, j’y retrouve quelque chose. Quand je suis dans la difficulté, je repense à mon accident, à tout ce que j’ai vécu. Il y a des moments que je n’ai pas pu raconter, des moments que je me ré-mémorise simplement et je pense à ça. Il y a des moments très particuliers de l’accident mais surtout de la rééducation, des souffrances que j’ai pu endurer pendant la rééducation. Par exemple, à des moments, quand ils m’intubaient, je leur disais aux infirmiers de me débrancher. J’en avais marre de vivre. Quand je suis sur le vélo, je pense à ça et ça me donne une force supplémentaire. Là aujourd’hui, je me bats pour la passion et c’est différent.

Aviez vous déjà cet attrait pour le sport avant l’accident ?

J’ai toujours aimé le sport mais pas autant qu’aujourd’hui. Quand j’étais petit, mes parents m’ont mis au foot, j’aimais ça mais après j’en ai eu marre, vers l’âge de 13-14 ans, et je suis passé à la moto, et après il y a eu cet accident là. Mais sans ça, je ne me serais jamais tourné vers le vélo. Aujourd’hui, c’est ma force d’avancer et c’est mon quotidien. Je m’entraîne tous les jours, sauf le jeudi et le dimanche. J’ai environ 15 heures d’entraînement par semaine avec en plus des stages où on va jusqu’à 20 voire 25 heures.

Est-ce que, quand vous avez commencé le cyclisme vous aviez comme but les JO ou est-ce que c’est un objectif qui est arrivé au fur et à mesure avec le temps ?

Non non, pas du tout. Moi j’avais comme but quand j’ai commencé le cyclisme de sortir de là où j’étais. C’était mon premier but, mon premier combat. Au-delà de toutes ces victoires, de toutes ces performances, mon combat était déjà gagné. Aujourd’hui les victoires sont simplement la cerise sur le gâteau.

Vous êtes sportif de la gendarmerie depuis février 2021, en quoi cet engagement est-il important pour vous ?

Pour moi, c’est très très important. Ça m’a fait passer un cap aussi au niveau mental parce que le paracyclisme c’est compliqué d’en vivre donc là le faite d’avoir un soutien de la gendarmerie nationale c’est primordial et j’ai l’esprit libéré et quand on a l’esprit libre, quand on est sportif de haut niveau, on est plus performant et ça c’est très important. C’est aussi une question de valeur, de respect, donner le meilleur de soi-même tout en respectant l’adversaire, ce sont des valeurs que je supporte et que je porterai toute ma vie.

Huit ans après votre accident qui a failli vous coûter la vie, après ce long travail de rééducation et cet élan de vie qui vous pousse à vous dépasser et à décrocher des médailles, comment vous vous sentez aujourd’hui?

Je me sens simplement au maximum de mes capacités parce que c’est le sport qui me l’a apporté. Le sport c’est une très bonne école de la vie et aujourd’hui je n’ai aucun regret sur ma récupération parce que j’ai tout mis en place pour pouvoir récupérer. J’ai récupéré à 100 % de ce que je devais récupérer et aujourd’hui ce n’est que du bonheur. Le prochain défi, ce seront les jeux paralympiques de Paris en 2024.

 

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